Le 8 mars est une journée dédié à la reconnaissance du rôle crucial des femmes dans tous les domaines de la vie. À cette occasion, il est essentiel pour la Coopérative Kawa Kabuya de mettre en lumière des figures féminines inspirantes qui, dans notre rayon d’action, brisent les barrières et ouvrent la voie à un avenir plus équitable.
C’est dans ce contexte qu’en cette 2025, la Coopérative Kawa Kabuya célébre Mme Kahambu Sekeravithi Henriette comme première vice-présidente de la Coopérative Kawa Kabuya, une femme de détermination qui, depuis plus d’une décennie, œuvre sans relâche pour la promotion du café congolais et d’autres femmes caféicultrices de sa région.
Un parcours marqué par la résilience et la détermination
À 42 ans, Mme Kahambu Sekeravithi Henriette est un modèle de persévérance et d’engagement dans la caféiculture au Nord-Kivu. Mariée depuis 26 ans et caféicultrice depuis 2008, elle réside dans le village de Vusorongi, près de la commune rurale de Kyondo. Son ambition première était de briser un mythe bien ancré dans les communautés rurales : celui qui considère que certaines cultures économiquement stratégiques, comme le café, le cacao, le coton ou encore le quinquina, sont l’apanage des hommes.
« En milieu rural, lorsqu’une femme se lève et décide de cultiver des cultures que j’appelle économiquement stratégiques, notamment le café ou le cacao, elle fait face à des regards de découragement. Heureusement pour moi, mon courage et ma détermination m’ont permis de garder la tête haute, parce que je voulais être une femme congolaise qui apporte sa pierre à l’édifice », confie-t-elle.
Grâce à son engagement et à sa vision, elle a réussi à fédérer d’autres femmes autour d’elle. Son initiative a bénéficié du soutien de plusieurs organisations, notamment le SYDIP, Rikolto, AgriTerra et LOFEPACO, qui lui ont octroyé des semences et un accompagnement technique. Cependant, les défis ont été nombreux, en particulier la production d’un café de qualité et l’accès au marché.
Une actrice clé dans la fondation et l’essor de Kawa Kabuya
C’est dans cette dynamique qu’en 2014, Mme Henriette a participé à la création de la Coopérative Kawa Kabuya, un projet local né de la volonté de promouvoir les caféiculteurs. Elle fait partie des 2 500 membres fondateurs de cette structure spécialisée dans la culture, la collecte, le traitement et la commercialisation du café Arabica dans les territoires de Lubero et Beni. En 2014, Mme Henriette a mobilisé 40 caféiculteurs de sa localité pour créer une micro-station de lavage (MSL) de café, figurant parmi les 52 MSL que compte la coopérative Kawa Kabuya.
Sous sa vice-présidence et celle des autres membres du conseil, la coopérative a récemment élargi son champ d’action en intégrant le café Robusta, le cacao et certaines cultures vivrières complémentaires au café. Aujourd’hui, Kawa Kabuya est dirigée par son troisième Conseil d’Administration, et pour la première fois de son histoire, une femme occupe le poste de vice-présidente.
Un leadership inspirant et des initiatives porteuses
La vision de Mme Henriette ne s’arrête pas là : elle a également réuni toutes les femmes membres de la coopérative pour les sensibiliser sur leur rôle essentiel dans l’agriculture et la commercialisation du café. Grâce à son engagement, le département des femmes a été officiellement instauré au sein de Kawa Kabuya depuis 2023.
Une militante pour une gouvernance équitable et le soutien étatique
Mme Henriette est convaincue que pour que les femmes s’impliquent pleinement dans la caféiculture, elles doivent posséder leurs propres champs de café. En effet, les femmes sont souvent perçues comme de mauvaises gestionnaires, une idée reçue contre laquelle elle lutte fermement. Son objectif pour les années à venir est d’encourager les femmes à produire du café Arabica K3 en grande quantité afin de renforcer leur position sur le marché.
Consciente des difficultés financières rencontrées par les coopératives locales, elle a plaidé pour une augmentation de la part sociale des membres, passant de 25 à 500, et pour un renforcement des partenariats avec les institutions financières. Toutefois, elle estime que le gouvernement congolais doit jouer un rôle plus actif dans la promotion du secteur caféicole en soutenant les coopératives et en régulant la concurrence.
Un combat contre l’ingérence des multinationales
Un autre défi majeur auquel Mme Henriette fait face est l’implantation croissante de multinationales dans la zone caféicole, allant jusqu’à installer leurs propres micro-stations de lavage au lieu de collaborer avec les coopératives locales. Pour elle, cette situation met en péril le développement des structures locales et fragilise les producteurs congolais.
« Nous allons plaider pour que le gouvernement congolais exige aux multinationales de collaborer avec les coopératives locales au lieu de s’implanter de manière indépendante. L’État congolais doit mettre en place une réglementation qui protège nos caféiculteurs et favorise le commerce équitable », martèle-t-elle.
Une vision tournée vers l’avenir
Le parcours de Mme Kahambu Sekeravithi Henriette est un exemple éclatant de la manière dont les femmes peuvent non seulement s’impliquer dans des secteurs traditionnellement dominés par les hommes, mais aussi y exceller et y jouer un rôle moteur pour le développement social. À travers ses initiatives et son engagement, elle prouve qu’il est possible de transformer le secteur du café congolais et d’y intégrer pleinement les femmes.
En ce 8 mars 2025, son histoire résonne comme un message d’espoir et de détermination pour toutes les femmes rurales du Congo et d’ailleurs : avec du courage et de la persévérance, elles peuvent non seulement briser les barrières, mais aussi bâtir un avenir meilleur pour elles-mêmes et pour leur communauté.